« Cher client,

La direction vous souhaite la bienvenue au Lapin Blanc! Vous voilà coincé à la croisée des chemins, peut-être que la prochaine fois que vous apercevrez un petit lapin vous ne vous lancerez pas à sa poursuite? N'ayez crainte, cependant, pendant toute la durée de votre séjour vous pourrez occuper votre chambre, sous certaines conditions... Si vous souhaitez retourner dans votre monde il vous suffira de retrouver le lapin blanc, qui parcours les univers à la recherche d'autres voyageurs. Je me permet d'attirer votre attention, sur ce que vous tenez... Votre clef vous permettra d'ouvrir les portails qui mènent à d'autres univers. Je préfère vous avertir tout de suite. Vous ne pourrez pas ouvrir le portail menant à votre monde. Veuillez cependant à ne pas « perdre » votre clef... Les conséquences en seraient... désastreuses. Si vous avez des questions n'hésitez pas à les poser directement au personnel de l'hôtel, celui-ci sera absolument RAVI de pouvoir vous aider...

Alice, directrice de l'hôtel »

Cette lettre, vous l'avez trouvé dans votre chambre d'hôtel. Et ça vous fait bizarre d'y penser. Et dire qu'il y a à peine quelques heures, vous étiez tranquillement assis, dans votre chambre. Chez vous. Dans votre univers. Et maintenant vous êtes coincés. Comme d'autres "voyageurs". Vous riez, nerveusement. Tout ça ne pouvait pas être réel! Et pourtant. Vous vous rappelez. Vous vous rappelez de ces gens. De ces monstres. De ces bêtes. De ces créatures toutes droit sorties des romans d'heroic fantasy. Nouveau rire nerveux.

Vous sortez. Vous comptez bien découvrir ce qui se passe ici. Vous apercevez une femme de chambre. Vous l'appelez. Néanmoins quelqu'un est plus rapide que vous. Vous observez la scène. Silencieusement.

-Monsieur?

-Bonjour... Je suis désolé de vous déranger, mais j'aimerai connaître le fonctionnement de cet hôtel.

-Monsieur est nouveau?

-Et bien, oui...

Le visage de la demoiselle s'éclaire. Rapidement. Vous la trouvez jolie, sur le coup. Le garçon ou plutôt le nain, semble aussi sous le charme que vous.

-Est-ce que vous avez votre ... Clef sur vous?

Il acquiesce, visiblement pendu à ses lèvres.

-Vous pouvez me la donner une minute?

Il acquiesce de nouveau et il se met à farfouiller dans ses poches. Nerveux. Vous l'imitez aussi et vous finissez enfin par trouver la votre. Elle s'était transformé en stylo, mais vous saviez, instinctivement que c'était elle. Vous reportez votre attention sur le nain et la femme de chambre. Vous l’apercevez tendre timidement son casque. Doucement d'abord, difficilement ensuite. Il s'arrête à mi-chemin, comme si quelque chose ne tournait pas rond. Mais, avant qu'il ne puisse revenir en arrière les doigts agile de la jeune femme se referme sur son objet.

-LIBRE. ENFIN. LIBRE.

Vous froncez les sourcils. Le nain la houspille, en colère.

-Rendez la moi petit bécasse d'humaine!

-"Monsieur"... Il est trop tard à présent. Ne le sentez vous pas...? Il faut aller voir Alice, maintenant.

Elle s'en va, en riant doucement. Elle abandonne son chariot et se rue vers l’ascenseur. Le dos voûte et la mine songeuse, le nain se dirige vers une porte adjacente, les escaliers. Il avait tout perdu de sa superbe et sa colère s'était évanouie en un instant. Vous rangez soigneusement votre stylo dans votre poche. Ce rire cristallin résonne encore dans votre tête... Cela ne vous arrivera pas à vous, maintenant que vous savez. Vous le jurez.


La prochaine fois. Ne suivez pas le lapin.